Question de Claire O’Petit au ministre de l’éducation nationale

Je posais une question orale à l’assemblée nationale ce mercredi 17 janvier après-midi  au ministre @jmblanquer sur le bilan des conventions ruralités visant à restructurer la carte des écoles primaires en échange d’un maintien des postes des professeurs des écoles.

 

Question de Claire O’Petit

Monsieur le ministre, l’école primaire est bien souvent, dans nos villages, le dernier service public de proximité. Face à la baisse structurelle des effectifs sur certains territoires ruraux, des conventions ruralité sont signées depuis 2014 entre l’État, le conseil départemental et les élus locaux. Ces contrats permettent aux territoires de se restructurer tout en étant assurés d’un maintien relatif de postes de professeurs des écoles.

Élue d’une circonscription située à moins de 100 kilomètres de Paris et pourtant rurale, et bien consciente que l’on ne peut maintenir une école primaire dans chaque village, je tiens cependant à souligner que, très souvent, si les jeunes couples s’installent dans nos territoires, c’est que la présence d’une école communale les y incite. Une école qui ferme, c’est donc le début de la mort de nos villages ruraux.

Certaines conventions ruralité stipulent que la durée maximum de trajet est de trente minutes, soit une heure par jour, pour des enfants de moins de dix ans. L’État cosignataire pourrait exiger, dans un souci de maintien du lien de proximité, que cette durée plafond soit systématiquement inférieure à vingt minutes par trajet. La nécessité d’une restauration scolaire pour les parents dont la résidence est trop éloignée implique également des coûts supplémentaires. La mutualisation est donc, en l’espèce, génératrice à la fois de fatigue pour les enfants et de coûts supplémentaires pour les familles et les collectivités.

Ma question est donc la suivante : monsieur le ministre, que pensez-vous du bilan des conventions ruralité, et estimez-vous qu’elles répondent bien à toutes les problématiques des territoires ruraux ?

Réponse de Jean-Michel Blanquer, ministre de l’éducation nationale
Madame O’Petit, cette question est évidemment très importante. J’ai pris des engagements très clairs sur ce point, dans la ligne de l’engagement présidentiel de juillet dernier sur la ruralité et la défense des écoles rurales. Je le fais sur un mode que je qualifie systématiquement d’offensif et non de défensif. Je partage totalement les tenants et aboutissants de votre question. Nous savons tous fort bien que l’école est au coeur de la vie rurale, au coeur de la vie d’un village. C’est un enjeu de qualité de vie pour les enfants et, tout simplement, un enjeu de vie pour les territoires concernés. Nous partageons tous ce point de vue, je crois.

La nouvelle étape que nous souhaitons en la matière doit être marquée par des continuités et des changements.

La continuité, ce seront avant tout les conventions ruralité, auxquelles vous avez fait référence, qui ont prouvé leur intérêt. Environ quarante départements ont déjà signé de telles conventions. Nous poursuivrons et mènerons encore plus loin cette politique, avec l’aide du sénateur Alain Duran, qui a accepté de continuer sa mission sur le sujet. Notre objectif est de signer des conventions avec les soixante-six départements potentiellement concernés. Chaque signature d’une telle convention s’accompagne non seulement de la mise à disposition de cinq postes mais surtout de la prise en considération des réalités concrètes du département – chaque situation est en effet particulière – , dans le cadre d’une stratégie pluriannuelle. Celle-ci doit parfois permettre de procéder à des fermetures – mais toujours avec pragmatisme, au cas par cas et sur la base d’un consensus local, lorsqu’elles se révèlent utiles – , mais parfois aussi, dans un lieu donné, de faire rebondir l’école, voire le collège. Telle est la consigne que j’ai transmise à l’ensemble des directeurs départementaux de l’éducation nationale.

C’est aussi la raison de la priorité donnée, dans notre budget, au premier degré, qui conduira à créer 4 000 postes à la rentrée prochaine, en raison non seulement de la politique que nous menons en direction des CP et CE1, mais également des évolutions démographiques de la France, afin d’assurer le maintien, voire le rebond de certaines écoles rurales. Tel est le sens de la politique menée pour la rentrée prochaine.