Claire O’Petit, députée LREM de l’Eure : « Tant que j’ai la confiance du président… »

Politique (5/5). Bientôt un an qu’ils ont été élus députés pour la première fois, certains à la surprise générale, une autre par substitution. Mais tous sous l’étiquette LREM. Aujourd’hui : Claire O’Petit, représentante de la 5e circonscription.

Cela fera un an, lundi 18 juin, que les cinq députés de l’Eure, tous LREM, ont été élus. Et tous l’ont été pour la première fois, profitant de la vague Macron. Que retiennent-ils de leur expérience aujourd’hui ? Comment voient-ils la suite de leur mandat ? Quelles sont leurs ambitions ? Rencontre avec Claire O’Petit, députée de la 5e circonscription.

Qu’avez-vous retenu de positif depuis un an?

« Le plus important pour moi dans cette extraordinaire aventure qu’est celle de La République en marche et de la refondation de la France initiée par Emmanuel Macron est la capacité à faire bouger les lignes, à la fois sur le plan national mais aussi sur le plan local. Face aux immobilismes et aux baronnies, nous apportons de l’audace et de l’innovation pour tous nos concitoyens. Nous avons la chance d’écrire l’Histoire. »

Qu’avez-vous retenu de négatif?

« La mauvaise foi de certains, dans l’incapacité pourtant de mener les réformes lorsqu’ils étaient au pouvoir et qui tombent aujourd’hui dans l’opposition systématique à des projets qu’ils rêvaient de mener. Sur le plan local, les cumuls insupportables de mandats qui empêchent tout renouvellement de la vie politique, coûtent cher à la population et sont aux antipodes de notre esprit. »

Quelle a été votre plus grosse surprise?

« Sans hésitation, la possibilité d’aider un nombre énorme de personnes, que nous accueillons dans nos permanences et dans toutes sortes de domaines. C’est cette proximité avec mes électeurs, sur les marchés, les foires à tout et autres manifestations publiques (pas seulement en période électorale) qui me permet de venir en aide à mes administrés. C’est chouette de pouvoir débloquer des situations. Sans cet attachement aux plus faibles, un élu passe à côté de son mandat. »

« Je fais un mea-culpa»

Qu’est-ce qui a changé dans votre vie?

« Tout a changé ! Ma vie professionnelle avec la fin de ma participation aux Grandes Gueules sur RMC, ma vie familiale et toute l’organisation qui va avec. Ce qui me manque le plus, c’est le moment que je passais avec mon petit-fils le mercredi. J’allais le chercher à l’école, nous déjeunions ensemble et je l’emmenais au sport. Mais ce n’est pas anodin d’être députée. Nous ne nous appartenons plus vraiment. Il est donc logique de tout bouleverser pour être à la hauteur des attentes des Français. »

Le président a décidé de diminuer le nombre de parlementaires. Qu’en pensez-vous?

« Je fais un grand mea-culpa. Avant d’être députée, j’ai souvent critiqué leur nombre conséquent, leur manque de travail et j’ai même fait campagne pendant les législatives sur la réforme que nous proposait le président. Un an après, je m’interroge : nos circonscriptions dans la ruralité sont déjà très grandes, les attentes nombreuses. Diminuer d’une façon aussi importante le nombre de députés me pose question. Dans l’Eure, on se dirige vers trois postes et c’est peu. De plus, un député est élu. Avec cette réforme telle qu’elle est proposée, nos concitoyens n’auraient alors plus de contact qu’avec les assistants parlementaires, non élus, et ce n’est pas ce qu’attend la population. »

Comment voyez-vous votre mandat dans un an?

« Mon mandat continuera de s’inscrire dans le respect de mes valeurs et du travail initié jusqu’alors, aussi bien dans la circonscription qu’à Paris. J’ai déjà déposé une proposition de loi et j’en ai deux en préparation. Je souhaite également pouvoir empêcher tout élu local d’exercer plus de trois fonctions locales, ce qui est déjà beaucoup. Ne reste plus qu’à espérer que ce travail exigeant porte ses fruits dans l’année à venir. J’espère aussi pouvoir faire avancer la condition animale. La vidéosurveillance dans les abattoirs doit devenir obligatoire. »

Avez-vous des velléités pour mener ou intégrer une liste aux municipales en 2020?

« À cette heure-ci, je suis très vigilante sur la construction des prochaines municipales. Je ferai le maximum pour qu’il y ait le plus de listes LREM possible au premier tour. Surtout, je veillerai à ce qu’aucun accord ne soit passé avec des élus qui ont quitté leur parti sur ordre, et non pas par conviction, alors même qu’ils sont bien loin des valeurs de notre mouvement. Les cumulards ne doivent pas être réélus, nous devons nous consacrer à nos mandats. La République en marche n’est pas la République en masques. Dans tous les cas, j’intégrerai une liste dans ma circonscription. Et si on a besoin de mon aide quelque part pour être tête de liste, j’irai. »

Cette année a été aussi marquée par la suite de vos démêlés judiciaires. Comment avez-vous traversé cette épreuve ?

« J’ai été condamnée mais je ne dois de l’argent à personne. J’ai tout payé. Ce qui a été le plus dur pour moi et ma famille, ce sont les infamies qui ont été répandues. Je n’oublierai jamais. Mais peu importe que je dérange ou que j’agace, tant que j’ai l’écoute et la confiance du président. »

Portrait d’une « Grande Gueule »

Claire O’Petit a été élue avec 55,98% des voix au second tour face à Vincent Taillieu (FN). Elle a succédé à Franck Gilard (LR), en fonction depuis 2002.
Installée à La Neuve-Grange depuis huit ans, la retraitée de 68 ans est connue du grand public depuis 2005 grâce à son rôle de chroniqueuse radio dans Les Grandes Gueules, sur RMC.
L’ancienne commerçante, déjà candidate sous l’étiquette MoDem aux législatives 2012 (1,63 % des voix au premier tour), a longtemps présidé un collectif national de commerçants et d’artisans. En novembre 2016, elle a été condamnée par un tribunal de commerce pour des fautes de gestion dans une société à responsabilité limitée (SARL) et interdite de toutes fonctions directes ou indirectes dans une entreprise pour cinq ans. Une décision confirmée pour partie en appel en octobre 2017.
À l’Assemblée, elle est notamment membre de la commission des affaires économiques et vice-présidente du groupe d’étude sur la condition animale. «J’ai déposé à ce jour plus de 40questions écrites et une proposition de loi qui complétera la Loi Macron sur le travail du dimanche, en facilitant la garde des enfants des salariés, et plus de 15amendements.»